EMDR
EMDR est un acronyme anglais qui correspond à Eye Movement Desensitization and Reprocessing, en français Désensibilisation et Retraitement par les Mouvements Oculaires. L'EMDR est une approche thérapeutique qui a été développée par la psychologue Francine Shapiro en 1987 aux États-Unis et utilisée rapidement sur les vétérans du Vietnam avec des résultats très positifs, qu'elle a publiés en 1989. Cette méthode validée scientifiquement dans le traitement du trauma incluant le Trouble de Stress Post-traumatique*, est également reconnue efficace pour de nombreuses autres pathologies et problématiques (anxiété, dépression, deuil, phobies, mauvaise estime de soi etc.).
Elle a été introduite en France par le médecin psychiatre David Servan-Schreiber.
Aujourd’hui, cette méthode a évolué, passant d’une simple technique de désensibilisation à une véritable psychothérapie à part entière. Son efficacité est reconnue depuis juin 2007 par la HAS en France (Haute Autorité de Santé) et depuis 2013 par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé).
L'EMDR repose sur le modèle du processus de traitement adaptatif de l’information basé notamment sur la théorie que tous les êtres vivants ont un système physiologique de traitement (autrement dit de "digestion" ou de "métabolisation") de l’information.
Cette thérapie part du principe que les événements du passé vécus comme traumatiques sont devenus des souvenirs figés et dysfonctionnels car non "digérés", donc non traités par les mécanismes habituels de traitement de l’information du cerveau. Ces souvenirs conditionnent certains de nos comportements et perceptions dans le présent.
L'EMDR prend en compte le patient dans sa globalité, agissant simultanément sur le corps, l'esprit et les émotions, par l'activation du mécanisme de retraitement des souvenirs dysfonctionnels en suivant une procédure précise, qui inclut à certains moments des mouvements oculaires ou des stimulations bilatérales auditives ou tactiles, et en accompagnant les associations spontanées qui découlent de ces souvenirs. L'hypothèse de départ est qu'il y a un lien entre la stimulation alternée des hémisphères cérébraux, le mouvement rapide des yeux pendant le sommeil paradoxal et le mécanisme d’intégration émotionnelle dans la mémoire à long terme (système limbique). Le processus psychique de traitement activé par la méthode est un processus conscient. Il correspond à ce que fait naturellement notre cerveau quand il ne se bloque pas.
L'EMDR ne se réduit en aucun cas à une procédure des "mouvement des yeux", et ce n'est pas de l'hypnose non plus. Le patient peut ressentir les bienfaits de cette méthode dès les premières séances. De nombreuses études ont déjà démontré la diminution, voire la disparition des symptômes liés au stress post-traumatique, une meilleure capacité à parler de l’événement comme d'un souvenir déchargé d’affect, la fin des comportements qui ont engendré la demande de thérapie, une meilleure qualité de vie…
Une ou plusieurs séances d’entretien sont requises pour évaluer le contexte de la souffrance de la personne, son histoire, la nature de ses symptômes. On évalue ainsi la pertinence d’une prise en charge via l’EMDR, dont l’indication principale est le traitement des chocs émotionnels, des traumatismes mais aussi des successions de chocs moins importants mais pourtant invalidants du fait de leur accumulation. Les souvenirs perturbants identifiés sont ensuite retraités, un à un, lors des séances, à l’aide des stimulations bilatérales alternées. Il faut parfois plusieurs séances pour traiter un seul souvenir.
*Le Trouble de Stress Post-Traumatique se rencontre principalement chez les victimes d’évènements traumatiques civils survenant dans l’enfance ou à l’âge adulte – agressions et maltraitances physiques, psychologiques et sexuelles, accidents, deuils, attentats, catastrophes naturelles – , mais aussi chez les militaires et civils victimes d’évènements traumatiques survenant dans le cadre de guerres et de conflits armés. Il est à noter que les proches de personnes victimes sont également concernés par un possible impact traumatique indirect de la violence subie par leur proche.
Les événements à l’origine de troubles post-traumatiques peuvent être aussi des évènements de vie difficiles, qui n’ont pas été identifiés à l’époque comme potentiellement traumatiques car ils semblent avoir été surmontés, mais qui laissent des blessures émotionnelles pouvant être à l’origine de perturbations psychologiques ou de comportements inadaptés ou excessifs dans la vie quotidienne. Cela peut concerner des difficultés familiales vécues dans l’enfance, des ruptures, des difficultés conjugales, des maladies et opérations, des interruptions de grossesse, des difficultés professionnelles, etc.
Les perturbations s’expriment sous forme d’irritabilité, angoisses, cauchemars, reviviscences et ruminations à propos du vécu traumatique, tendance à l’isolement, état dépressif, comportement agité voire violent, douleurs physiques, somatisations, répétition des violences chez l’enfant etc. La chronicisation du trouble peut entraîner dépression, addictions, trouble du comportement alimentaire, attaques de panique, phobies...